Le rendez-vous était fixé à 21 heures. Valarielle, la prêtresse trolle, avait eu l'idée d'une marche de tous les peuples de ce monde. Beaucoup de gens, lassés des sempiternelles querelles de leurs congénères et partisans d'une vie plus tranquille, avaient répondu à l'appel. De l'Alliance étaient venus les messagers de paix, de même que les amants d'Elune et les Cor Leonis. Le grand nombre de membres de la Horde m'a découragé de noter leurs apartenance à tous. Bref, Ratchet résonnait des discussions dans toutes les langues, peu avant le départ pour la croisée des chemins. Les habitants n'en revenaient pas, comme le montre l'air incrédule du gobelin et de l'ogre de cette prise de vue.
Après l'arrivée des inévitables retardataires, la masse des marcheurs partit enfin. Direction la croisée des chemins, théâtre d'innombrables affrontements, tous causés par la vanité et l'irresponsabilité. Le début de la marche fut plutôt réservé, beaucoup de marcheurs se voyant pour la première fois. Mais bientôt la glace se brisa, et de part et d'autre les paroles reprirent. Quand la croisée des chemins se dessina à l'horizon, on décida de s'y arrêter quelques instants. De jeunes membres de la Horde s'arrêtaient de part et d'autre des marcheurs, héberlués. Admettons que la Croisée des chemins ne doit pas recevoir souvent la visite de tant de membres de l'Alliance sans que le sang abreuve le sol. Le convoi fit halte en vue des gardes. Avant même que les derniers arrivent et s'arrêtent, les feux s'allumèrent. Une prise de vue immortalise ce moment :
Rapidement les calmes discussions de salon laissèrent cependant la place à des danses effrénées. Le pauvre Aghnor avait beau crier à tout le monde de repartir, il a du s'en casser les cordes vocales sans le moindre effet. Au bout d'un moment tout le monde a repris son baton de marche et s'est dirigé vers le nord. Astranaar était encore loin.
Sur la route la bonne ambiance regnait, les uns et les autres s'amusant à de petites plaisanteries. Des trolls de trois mètres de haut toisaient les insignifiants humains d'un regard tranquille (on ne citera pas de noms, ils se reconnaitront), pendant que les orbes de tromperie marchaient à pleine puissance elles aussi. Les Cor Leonis se vêtirent tous en rouge, contrastant avec les autres marcheurs, vêtus de blanc. Ce qui ne changeait pas, c'est le visage des gens qui nous voyaient passer. Forcément, quarante personnes, membres de sept peuples (on déplorait l'absence des gnomes, à laquelle on s'est adaptés en route : Milamber n'est arrivé que tardivement). Des membres de tous les peuples nous rejoignaient, la nouvelle de la marche ayant déjà fait le tour du monde.
La croisée des chemins est bien loin d'Astranaar, mais nous n'étions pas pressés. L'arrivée, prévue à 22h30, fut même un peu plus tôt que prévu. Les berges du lac d'Astranaar nous ouvraient les bras. Après une halte au cimetière pour que certains se recueillent sur les tombes, direction au nord, vers un petit camp que nombre d'entre nous connaissaient déjà. La nuit était tombée sur Ashenvale, mais malgré la pénombre on distinguait encore les visages, comme le montre ce gnomo-truc-oïd.
L'idée fit son chemin on ne sait trop comment, et tout le monde prit place sur ou devant un tronc d'arbre qui traînait sur le bord du lac. Le moment rêvé pour un gnomo-machin. Dans peu de temps on n'y verrait plus rien de toute façon :
Malgré tout nous sommes tous restés bien longtemps sur les rives du lac. Les anciens se rappelaient leur première marche, déjà en Ashenvale, il y a des mois. Certains étaient toujours là, d'autres avaient disparu. Alors que ses pensées agitaient certains esprits, la réalité nous rattrappa vite. Sa magnificence sérénissime Kellnaw (j'en fait trop peut-être ?) accepta de bénir l'union immédiate d'Anwynn et Arawn, deux elfes de la nuit, tandis que le troll Jahrakal faisait sa demande à sa compatriote Valarielle. Il fut aussitôt défié en combat singulier par la soeur de Valarielle, pour voir s'il était digne d'une telle union. L'histoire ne dit pas qui fut vainqueur, gageons que Jahrakal trouvera un moyen quoi qu'il arrive. Beaucoup suivaient en effet le mariage des elfes de la nuit (autre peuple, autres coutumes...) et, s'il y a eu des témoins, ils se sont murés dans le silence.
Pas de gnomo-chose cette fois, la nuit était noire, ça n'aurait rien donné. Mais vu le succès de l'événement, nul doute qu'il aura à nouveau lieu dans le futur.