Tshipaï

Sous un ciel bigarré de rose orangé, je suis adossé à un arbre sur les hauteurs de Thunder Bluff et je regarde le soleil couchant illuminer de ses derniers rayons, les plaines de Mulgores. La Mort du soleil laisse place à la naissance de la Lune toute aussi majestueuse qu’à son habitude. J’ai froid…

Le calme reposant du village Tauren efforce mon Esprit a laisser échapper les tourments qui m’oppressent. Mon regard se noie dans les halos de la Dame blanche, je ferme les yeux.

Ce froid pénétrant me remémore celui de cette nuit où je fus abandonné face à mon Destin. Je n’étais qu’un tout jeune Orc, sans nom, ayant pour seul vêtement une simple couverture de laine orné d’une broderie représentant le symbole « T ». Entendant mes pleurs et mes cris, un chasseur Tauren me recueillit et m’emmena loin des tumultes des Barens. Il me confia à une Tauren chaman qui s’occupa de moi et me prodigua les premiers soins. Je les appelai par la suite Père, Mère…
Ne sachant pas si ce « T » signifiait le symbole du grand chef orc « Trall », ma mère décida de me donner ce prénom « Tshipaï », qui dans les légendes chamaniques représente « le Chemin des Ames ».
Mes vrais parents sont-ils morts ou m’ont-ils simplement abandonné ? J’ai peut-être des frères, des sœurs… Orcs. Car une seule chose est sur, j’ai bien une demi sœur tauren : Dyaneïss plus âgée d’une dizaine d’années de plus que moi et qui veille à mon bien être. Trop parfois… mais je sais qu’elle ne veut que mon bien et mon bonheur.

Pendant les Guerres, je perdis pour la seconde fois un Père. Il fut assassiné par un champion centaure. Ma mère décida de nous emmener dans les plaines de Bloodhoof. Après une année, ma mère fut gagné pas ce mal qui ronge le cœur et l’Esprit : je commence à comprendre.
Elle mourut…

Nous nous sommes débrouillés Dya et moi… Nous nous sommes mis en route vers la Citée Orgrimmar. Etant encore trop jeune pour combattre, ma sœur décida de me confier la surveillance de nos affaires à la Banque.

Ce que je fis… jusqu’au jour où en arpentant les rues je rejoignis la Vallée des Esprits. Un maître démoniste était entrain de narrer ses aventures. Je me suis assis au coin du feu et je me mi à écouter ses exploits. Ce coté obscure, les sciences occultes, la démonologie me fascinèrent. Et j’ai voulu en apprendre les rudiments pour ensuite m’y dévouer cœur et Ames.
Il m’a conseillé de rencontrer un Maître Démoniste dans la Vallée des Epreuves pour me faire rentrer dans le cercle. Sans l’accord de ma sœur je m’y suis rendu et j’ai accompli mes premières taches avec succès. Ce fut la Première révélation de ma triste vie.

La seconde n’a pas tardé à suivre….
Allant chercher comme à son habitude le courrier, j’eusse une apparition stupéfiante. Une créature de l’Ombre tant redoutée des autres. Une réprouvée d’une blancheur cadavérique, une chevelure vert de gris et de magnifiques yeux d’Or. Cette ombre précieuse se nomme « Corrosion ».

Je ne me souviens plus exactement comment nous nous sommes parlés, ni pourquoi, mais seule l’intensité de ses yeux restera gravé dans ma mémoire. Nous nous sommes vu plusieurs fois sur la place de la Vallée d’Honneur, toujours le même plaisir de la revoir, davantage, tous les jours, avec la même envie incessante de la connaître. Toutes les beautés que j’ai vues, toutes les beauté de ce monde, ne sont rien comparés à elle. Pour certains, ces pensées restent inconcevables, un orc, une réprouvée… J’ai choisit le chemin des Ombres et ces méandres.

Je suis de nature pacifiste et je ne cherche pas les affrontements. Je suis juste attiré par les forces lugubres et spirituelles de l’Autre Monde. Est-ce pour cela que je suis rongé par Corrosion ? Si elle représente un fléau, je lui donnerai ma vie avec un plaisir morbide.

J’ouvre les yeux… La Lune est déjà si haute dans le ciel vide. Juste le hululement d’une chouette effraie vient troubler le sommeil du camp Tauren. Un vent glacial s’élève, je me pelotonne sous ma cape pensant qu’à une chose : la revoir.

Je me souviens de notre dernier soir ici même, contre cet arbre, face au soleil couchant. Je lui ai offert son cobra noir et ce jour là elle me proposa d’occuper sa chambre dans l’Auberge des « Terres Ancestrales ». Je souris encore à l’idée de revoir la tête d’Aghnor le druide Tauren, à l’annonce de notre co-habitation.

Il est tard… Il faut que je rentre à l’Auberge….