Oulala la la ! Et c’est tombé sur moi… parce que j’étais en retard… et qu’il était encore plus en retard que moi, le chef !
Il a commencé à me poser des tas de questions sur mes motivations, la paix, la guerre, les vrais méchants, les faux gentils… ou le contraire, je ne sais plus… et Utho n’était même pas là pour me souffler les réponses !
Il faut dire qu’avec vos arbres généalogiques, à la plupart, il y a de quoi se prendre la tête à chercher le pourquoi du comment… « d’où viens-je ? où vais-je ? et dans quel état j’erre ? ».
Qu’est-ce que j’en sais, d’où je viens ? Je suis orpheline –nous le sommes toutes- trouvées vagissantes et souillées de sang par Minoucheth sur un quelconque champ de bataille. Parce que vous ne croyiez tout de même pas qu’on était du même lit !
Et elle ? Elle avait des parents ? Sûrement. Mais je crains qu’elle ne vous dise jamais rien. Quand, petites, nous lui posions la question, elle racontait une histoire qui nous enchantait. Elle aurait été enlevée, bébé, par un dragon qui voulait en faire le repas de sa nichée et laissée tomber par inadvertance dans la jungle, où une tigresse, aujourd’hui disparue, l’aurait élevée avec sa propre fille, Minouchath. Nous y avons cru dur comme fer pendant des années, à cette histoire, d’autant qu’il est vrai qu’elles n’ont pas besoin de mots pour se comprendre… mais j’en doute un peu –beaucoup- maintenant. Elle a des silences parfois, des regards vagues, des allusions… qui n’ont rien à voir avec le lait de tigresse. Elle sait dix fois plus de choses qu’Utho qui est allée à l’école pendant des années mais elle s’efface toujours, la laisse parler. Les noms qu’elle nous a donnés ont un air de famille. Ils évoquent un monde que je devine à peine mais qui n’est pas celui-ci… Qu’importe ?
L’éducation qu’elle nous a donnée ne nous a pas standardisées. Nous sommes des individus bien distincts avec nos forces et nos faiblesses, nos penchants et nos rêves propres. Son maître mot était : « Regarde pour voir, écoute pour entendre, appréhende ce qui t’entoure pour y trouver ta place. Ne dis pas d’emblée que quelque chose est beau et autre chose laid. Nous avons trop tendance à trouver beau ce qui nous ressemble… Pour qui nous prenons-nous ? Pour le nombril du monde ? Comment nous voit un dimeurtrodon ? Plutôt affreux à n’en pas douter ! Mais il existe… au même titre que nous. Où est l’ombre ? Où est la lumière ? Elles ne peuvent exister l’une sans l’autre, elles ne peuvent être perçues que l’une par rapport à l’autre… Seul le temps a raison de tout… ».
Je ne sais pas si j’ai bien compris mais je crois que je l’ai senti, ce qu’elle voulait dire. Alors, pour en revenir à nos moutons, ne me demandez pas ce que je pense de la guerre et de la paix. Les deux existent. Je vois simplement que la paix ne fait souffrir que quelques uns, les assoiffés de gloire, ceux qui revendiquent le devant de la scène, le piédestal, le regard (admiratif ou simplement envieux ?) de leurs congénères…alors que la guerre fait souffrir tout le monde.
Je ne cherche donc pas ce qui est « bien » mais ce qui est bon. Un bon repas entre amis autour d’un feu de camp, un bon bain dans un lac à la nuit tombée, un bon éclat de rire (5 minutes par jour minimum !)… et puis un peu de chaleur et de tendresse… J’avoue que j’apprécie tout particulièrement les animaux à fourrure… et la gent masculine –avec un petit penchant pour ces grands échalas que sont les elfes et les trolls- ils ont ceci de commun (non, ce n’est pas le poil) qu’on doit les domestiquer.
Mais Heph, la bourrue, vous dira tout autre chose. Et Minou, n’en parlons pas…elle est raide comme la justice et droite comme une autoroute américaine (oups !). Elle est le creuset où nous avons toutes été fondues, qui a su nous guider sans contrainte sur le chemin du bien être, sinon du bonheur.
Alors tant pis si je n’ai pas réussi mon examen de passage…
J’ai retenu quand même que je savais me débrouiller avec les dragons… Vous parlez d’un exploit ! A dix dont la moitié de vétérans sur ces pauvres bestioles, c’est à peine si j’avais le temps de tirer une flèche qu’ils étaient déjà morts !
Cela me fera quand même un bon souvenir à raconter à mes petits enfants…
Au fait, d’après vous, à quoi ça peut ressembler l’enfant d’une naine et d’un troll ???
Aarthémys
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I have à dream...
*et Aghnor sourit*